Un voyage en famille à vélo : de Tours à Pornic en longeant la Loire
25 janvier 2025
C’est ma nièce Nina qui a l’idée de ce voyage. L’année dernière déjà, elle m’a entraîné dans une randonnée autour du Mont-Blanc. À 17 ans, c’est pour elle sa première aventure à vélo ! La destination nous apparaît comme une évidence : partir de chez moi à Tours et rejoindre la mer à Pornic, soit 350 km sur l’itinéraire de la Loire à Vélo.
Son frère Jules, 22 ans, en pleine préparation d’un projet ambitieux pour 2026 – une traversée à vélo de l’Ouest australien en autonomie – décide de se joindre à nous pour se préparer. Quant à Aurélie, ma compagne, elle est la quatrième personne de notre équipe. Forte de ses précédents voyages, dont un itinéraire d’Amsterdam à Bruges et plusieurs aventures en Bretagne avec Abicyclette Voyages, elle apporte son expérience et son enthousiasme.
Pour ma part, c’est avec une grande joie que je ressors mes vieilles sacoches et mon fidèle vélo, celui qui m’a accompagné à travers l’Amérique du Sud, le Maroc et le Mali il y a plus de 20 ans. Ce voyage est l’occasion pour moi de transmettre à Nina et Jules l’expérience de ces aventures passées.
Nous décidons de partir en mode camping, avec une belle diversité d’hébergements : une nuit en bivouac, une nuit en glamping, une autre en Airbnb, et pour finir, un camping à la ferme. Une expérience riche et variée, à l’image de notre aventure.
Rapidement, je retrouve mes repères et le rythme lent imposé par un voyage à vélo avec des sacoches bien chargées. J’emporte pas mal de matériel, voulant être sûr d’assurer mon rôle de « super tonton ». Mais ce qui me stresse le plus n’est pas tant les imprévus, que de réussir à transmettre à Nina et Jules le plaisir de ce type de voyage. Ils appartiennent à une génération habituée à la rapidité, alors que le voyage à vélo exige une certaine lenteur.
Un premier temps de découverte
Ce périple se déroule en trois temps. D’abord, il y a la phase de découverte où nous apprenons à vivre ensemble, tous les quatre. Je suis agréablement surpris par la facilité avec laquelle les « jeunes » s’adaptent, tout comme nous, les « anciens », qui tenons bien la cadence.
La première journée de Tours à Saumur est une des plus belles étapes. Nous empruntons l’itinéraire classique en passant par Villandry et la visite incontournable de ses Jardins. Puis nous continuons sur les bords de Loire et enfin au bord de Vienne pour rejoindre le camp de Saint-Martin. L’itinéraire à vélo est sécurisé, plat, calme et extrêmement agréable. Les 75 premiers kilomètres se déroulent à merveille.
Pour la deuxième journée, le programme est également de 75 km. Nous quittons la Loire à vélo pour emprunter la rive gauche de la Loire et nous aventurer sur un itinéraire hors des sentiers battus. Après ces 2 journées de pédalage, nous avons déjà parcouru 150 km. La seconde soirée se passe dans un camping plus rudimentaire après avoir profité du confort d’un camping glamping la veille, au bord de la Loire, à Candé-sur-Beuvron. Trouver un bon endroit pour bivouaquer n’est pas facile. Après quelques tentatives infructueuses, nous trouvons finalement un spot parfait repéré par Jules sur un site de camping sauvage. C’est une première pour lui et Nina, et nous profitons d’un feu de camp qui donne une belle ambiance à la soirée.
Le deuxième temps du voyage : un temps d’expérimentation
Le deuxième temps de notre voyage est celui de l’expérimentation. Les kilomètres s’accumulent, les douleurs se font sentir, la fatigue aussi. Mais ces moments mettent notre cohésion à l’épreuve et nous permettent de développer des habitudes : la routine des repas, le montage et démontage des tentes devient plus fluide, sauf pour Jules qui, malgré tout, réussit toujours à nous surprendre comme ce soir où la tente est montée à l’envers !
Ces deux journées supplémentaires nous conduisent jusqu’à Nantes, une étape de la Loire à vélo qui invite davantage à la flânerie. Ici, moins de châteaux à l’horizon, mais de longues lignes droites qui défilent sous nos roues. C’est justement ce que j’adore dans le vélo : ces instants où l’on ne fait rien d’autre que pédaler, laissant l’esprit vagabonder au rythme des coups de pédale. Le silence s’installe, chacun perdu dans ses pensées, et sans un mot, nous partageons une sorte de méditation collective. Une pause pour l’esprit, une évasion intérieure.
Troisième étape de ce voyage : l’autonomie en action
Le dernier temps du voyage est marqué par l’autonomie grandissante de Nina et Jules. Ils commencent à préparer les repas eux-mêmes, avec quelques questions, mais beaucoup d’efficacité. Je les vois prendre confiance en eux, et je suis fier de les voir s’approprier l’aventure. Les repas qu’ils concoctent sont délicieux, une vraie réussite !
Les deux dernières journées nous mènent de Nantes à Pornic en longeant la côte. À mesure que nous suivons la Loire, celle-ci prend des airs de mer, et peu à peu, nous découvrons les carrelets, ces petites cabanes de pêche si caractéristiques de la région. Certaines ne sont plus que des poteaux de bois, tandis que d’autres semblent être des refuges parfaits pour une soirée romantique.
Saint-Brévin ne parvient pas à me séduire. La ville semble manquer de caractère, et atteindre la mer ici laisse une impression d’incomplétude. Heureusement, notre petit camping à la ferme nous offre une dernière nuit paisible, à l’écart du monde. Pour marquer la fin de cette belle aventure, nous savourons ensemble un premier et dernier repas au restaurant.
Une ultime et courte étape nous conduit à Pornic, sur un parcours agréable qui longe la mer. Le retour en train se fait sans encombre, malgré un système de réservation complexe, mais efficace. Nos deux trains nous ramènent à Tours.
Un dernier temps, le temps suspendu : la magie du voyage à vélo
J’aurais aimé prolonger ce voyage pour atteindre une dernière phase : celle où le voyage n’est plus dicté par le temps, mais par le simple plaisir de se déplacer d’un point à un autre, où l’on abandonne l’envie de tout découvrir au profit du moment présent. Pour cela, il faut plus de temps justement. Assez de temps pour ne plus avoir à le compter.
Ce voyage éveille chez Nina et Jules, je l’espère, l’envie de repartir à l’aventure, et il me redonne aussi le goût des voyages à vélo.