Récit d’un séjour à la découverte de la Catalogne : le paradis du Gravel
06 mai 2024
Alors que le soleil atteint son zénith et que Figueres s’anime doucement, Christophe et Sébastien, chargés de leur matériel vélo, parviennent à leur point de départ. Dans l’effervescence de la ville espagnole, ils consacrent un moment à préparer leur expédition à venir. Dans une étroite ruelle piétonne, ils s’installent dans un café, où le parfum d’un gâteau fraîchement sorti du four les accueille chaleureusement. C’est le moment de consulter attentivement l’itinéraire de leur première journée d’aventure. Un parcours de 58 kilomètres les attend, agrémenté de 924 mètres de dénivelé, les menant de Figueres à Girona.
Guidés par l’excitation de l’inconnu et la promesse d’expériences inoubliables, ils enfourchent leurs montures, prêts à se fondre dans le paysage vallonné qui les entoure. Dans le sillage de leur passion pour le gravel et emportés par le doux souffle de l’aventure, ils se lancent ainsi dans un périple de cinq jours à travers les terres catalanes, en quête de découvertes et d’émotions.
En gravel à travers les terres catalanes jusqu’à Girona
“Les premiers coups de pédale nous emmènent rapidement hors de la ville, où nous découvrons un paysage pittoresque de champs de colza et d’oliviers s’étendant à perte de vue. Derrière nous, au loin se dressent les Pyrénées, nous offrant un spectacle à couper le souffle. Nous croisons de nombreuses fermes et exploitations agricoles sur notre chemin, témoins silencieux de la vie rurale qui anime ces terres. La Tramontane nous pousse dans le dos, nous incitant à avancer toujours plus loin. Nous filons au rythme du vent, nous glissons littéralement, c’est un véritable plaisir.
Régulièrement nous traversons des petits villages, avec leur église imposante au clocher élancé. Nous nous arrêtons parfois un instant pour admirer la beauté des lieux, imprégnés de tranquillité et de charme. Comme dans le village de Saus avec ses ruelles pavées de calade qui donnent l’impression de passer sur une ancienne voie romaine. Ou bien le village de Flaçà où se côtoie une église et sa tour fortifiée témoignant d’une époque de noblesse et de richesse, et une friche industrielle abandonnée, vestige d’un passé florissant plus récent mais tout autant révolu.
Après une grande traversée des plaines facile et confortable, nous attaquons les premiers reliefs : une montée abrupte de 7 km, avec des passages atteignant les 16%, s’impose comme l’épreuve de la journée, le défi le plus redoutable de notre périple. Au sommet, le Sanctuaire de Nostra Senyora dels Àngels nous récompense avec un panorama époustouflant, offrant une vue imprenable sur tous les environs. Après une bonne pause, nous entamons la dernière portion de notre trajet : la descente jusqu’à Girona. Quelques passages assez techniques sur des pistes cabossées nous offrent le plaisir du pilotage sur gravier, et d’autres sections de routes immaculées nous permettent quelques pointes de vitesse.
L’arrivée à Girona est agréable. Nous avons bien mérité un bon dîner de tapas et une bonne nuit de repos !”
Cap sur la côte : de Girona à Sant-Feliu-de-Guixols
“Le lendemain matin nous trainons un peu dans Girona, pour profiter de ses ruelles, nous slalomons entre les groupes de touristes, nous traversons ses larges canaux qui lui donnent son charme, et nous en profitons pour visiter quelques boutiques de vélo : les plus grandes marques ont leur boutique ici. Girona est considérée par beaucoup comme la capitale européenne du cyclisme.
La sortie de Girona offre une agréable évasion, suivant des voies vertes qui constituent une grande partie de notre parcours du jour. Réservées aux vélos ou aux piétons, ces routes sont quasiment dépourvues de voitures, majoritairement en gravier, ce qui nous permet de savourer le plaisir du gravel, d’affiner nos compétences de pilotage, tout en récupérant de nos efforts de la veille. Le dénivelé est minime, agrémenté par le passage de plusieurs rivières et de nombreux ponts qui ajoutent au charme du paysage. En chemin, nous croisons des chênes lièges, écorcés sur un mètre cinquante de hauteur, qui ont dû servir aux fermes voisines. Toujours en vue, les majestueuses Pyrénées se dressent à l’horizon, tandis que des champs s’étendent à perte de vue. Une halte bien méritée nous attend pour un déjeuner délicieux au restaurant “Entre terres” de la charmante ville de Llagostera, où un couple accueillant parle français avec une grande gentillesse.
Le départ, alourdi légèrement par notre festin, s’effectue néanmoins sans encombre sur une route fluide et aisée. La dernière portion du parcours est une belle piste : “la Via del train”, une ancienne voie ferrée. Nous débouchons au milieu d’anciens hangars désaffectés qui devaient être le terminus des trains, désormais inutiles faute de rails. Dans le ciel, les mouettes nous accueillent de leurs cris reconnaissables, nous guidant jusqu’à la mer qui nous tend les bras. Au loin, un joli port de plaisance. Ce soir, nous profitons de la fin de journée en bord de mer dans la petite ville de Sant Feliu.”
De Sant-Feliu à Torroella : parcours gravel entre criques et oliveraies
“Troisième jour, nous amorçons notre journée au bord de la mer, traversant des villes balnéaires ponctuées de hauts immeubles et envahies par des pelotons de cyclistes, soulignant ainsi pourquoi cette région est qualifiée de Mecque du vélo. Par la suite, nous découvrons de petites criques sublimes qui invitent à faire des pauses pour savourer le paysage, le sable fin, la douceur printanière, et ce temps splendide qui nous accompagne depuis le début de notre périple.
Puis, notre itinéraire s’enfonce dans les terres, traversant parfois des routes cahoteuses où la gestion des freinages, le maintien du guidon, l’amortissement des chocs et le choix de la meilleure trajectoire pour nos vélos sont de rigueur, offrant ainsi un véritable plaisir de conduite. De plus, ces chemins serpentent à travers de charmantes et variées petites forêts. Au moment du déjeuner, nous avons le privilège de déguster la remarquable et délicieuse huile d’Argudell, une variété d’olive propre à cette région, une véritable pépite pour les amateurs de gastronomie.
La dernière partie de notre journée se déroule sans encombre, portés par le vent dans le dos, sans croiser âme qui vive sur le chemin. Quelle joie de naviguer à travers les multiples carrefours et intersections qui offrent une infinité de parcours et d’itinéraires gravel. Cette diversité suscite déjà en nous l’envie de revenir pour explorer davantage.
En fin de journée, nous atteignons Torroella, comblés après une journée bien remplie. Le cœur de cette petite ville se compose de ruelles étroites, agrémentées de quelques places où les enfants s’amusent à la sortie de l’école pendant que les parents sirotent un verre dans les cafés, créant une atmosphère joyeuse et familiale où nous nous sentons presque comme chez nous. Nous trinquons pour célébrer cette journée bien méritée !”
Du Rivage aux canaux : un voyage pittoresque de Torroella à Castelló
“Le lendemain, nous entamons notre quatrième journée à la fraîche, car la journée prévoit d’être chaude. Notre parcours débute par une agréable traversée en forêt, ponctuée de montées courtes mais abruptes. Par la suite, nous longeons à nouveau la mer en passant par de charmants villages de pêcheurs qui nous invitent à un petit plongeon malgré la fraîcheur de l’eau à cette saison. Puis le chemin nous ramène à travers les terres, traversant des champs de colza et des exploitations agricoles de taille modeste, empruntant des sentiers bucoliques. Enfin, nous atteignons une zone de marais tapissée de bruyères et d’autres herbes basses, où des points d’observation des oiseaux attirent les curieux et les passionnés.
C’est une petite étape qui est la bienvenue alors que la chaleur se fait sentir et que nos corps commencent à fatiguer un peu.
On débarque en début d’après-midi dans la superbe petite ville de Castillo. C’est un vrai bijou ! Ses ruelles sont pleines de charme et regorgent de restos sympas à découvrir. Les bâtiments sont sublimes, avec leurs balcons en fer forgé et leurs sols en terre cuite. Sur les hauteurs il y a une basilique magnifique, et à ses bords une vue imprenable sur les alentours. Et notre hôtel ? Un véritable cocon de confort, avec des chambres superbes et cerise sur le gâteau, une piscine au pied d’un ancien couvent. On se sent très dépaysé, comme plongé dans un conte de fées.”
Entre soleil et sentiers escarpés, le périple final de Castillo à Figueres
“Tout à une fin. Nous voici au dernier jour, de notre périple. Si court et pourtant tellement de chemin parcouru. Le ciel azur qui nous accompagne depuis hier semble nous retenir dans la charmante ville de Castillo, mais nos jambes sont désormais dans le rythme et nous avalons les kilomètres sans effort.
Arrivés à Roses, nous prenons des chemins différents : l’un opte pour l’itinéraire plus court tandis que l’autre choisit la version un peu plus longue à travers le parc naturel du Cap de Creus. Nous nous retrouvons un peu plus loin. Pour ceux qui ont encore de l’énergie, l’option plus longue vaut vraiment le coup. Le paysage rappelle presque la Corse, avec ses reliefs montagneux et la mer à proximité.
Cette dernière journée réserve son lot de surprises : la selle de l’un commence à montrer des signes de fatigue et nous devons faire face à deux crevaisons sur le dernier kilomètre. Cependant, ces petits défis ne font que renforcer notre détermination à conclure cette aventure en beauté.
Il est enfin temps d’atteindre notre destination finale. Figueres et son musée Dali ne sont qu’une étape pour nous, marquant à la fois notre départ et notre arrivée. C’est avec un mélange de satisfaction et de nostalgie que nous bouclons cette aventure, emportant avec nous des souvenirs inoubliables et le sentiment d’avoir vécu quelque chose de vraiment spécial.”
“En guise de conclusion à notre aventure sur le circuit “Gérone et la Catalogne, le paradis du gravel“, je ne saurais trop recommander cette expérience à tous les amateurs de gravel. C’est véritablement un itinéraire d’exception, qui allie habilement défis techniques et plaisirs de la découverte. Un voyage idéal à réaliser au printemps entre mars et juin et sur la fin de l’été jusqu’en octobre.
Ce qui rend ce circuit si remarquable, c’est sa richesse et sa diversité. Chaque journée est une nouvelle aventure, offrant son lot de paysages bucoliques, de villages pittoresques et de défis à relever. Le plaisir de pilotage est constant, avec des routes parfaitement adaptées à la pratique du gravel, ni trop difficiles pour décourager les moins expérimentés, ni trop simples pour le plaisir des plus aguerris.
La Catalogne elle-même est une région magnifique, qui se révèle sous son plus beau jour à travers les kilomètres réalisés à vélos. Ses paysages variés, entre montagnes, vallées et littoral, offrent un spectacle époustouflant à chaque instant. Et quelle satisfaction de découvrir cette région en gravel, en prenant le temps de s’immerger pleinement dans chaque paysage, chaque ambiance, chaque instant de ce périple inoubliable.”