6 jours à vélo au cœur de la Dordogne
03 avril 2025

par Mélissa, Abicyclette Voyages
Il est des endroits de France dont on ignore bien trop l’existence et le Périgord est définitivement de ceux-là. Je n’avais que vaguement entendu parler de la Dordogne, nom contemporain donné au Périgord, avant que nous y plaquions nos deux roues pour une petite semaine. Située dans le sud-ouest de la France, la Dordogne qui tire son nom de la rivière éponyme possède indéniablement de beaux atouts : des paysages variés et sublimes qu’on ne se lasse pas de parcourir à vélo, un patrimoine historique remarquable et une gastronomie qui l’est tout autant.
6 jours de Périgord. 6 jours à pédaler pour glaner les plus beaux clichés ! En effet, pour ce séjour, nous sommes venus accompagnés de Lucie, notre chargée de communication et photographe hors-pair. Son objectif ? Remplir la pellicule argentique pour éblouir vos yeux sur le site internet d’Abicyclette Voyages et ponctuer le récit de notre aventure Périgourdine.
Dordogne, un long fleuve tranquille
Nichée entre les falaises abruptes, les forêts luxuriantes et les collines verdoyantes, la rivière de la Dordogne (qualifiée par certains organismes régionaux de fleuve) balafre six départements et pas moins de 480 kilomètres du sud-ouest de la France. La Véloroute de la Vallée de la Dordogne offre, le long de ce majestueux cours d’eau, des itinéraires sécurisés et bien entretenus et permet ainsi de profiter pleinement des magnifiques paysages environnants. De quoi largement se délecter ! Balades à vélo, pique-niques et instants contemplatifs depuis les belvédères, la force tranquille de cette rivière confine à la quiétude. Et que dire des renoncules aquatiques qui affleurent partout à la surface ! La Dordogne est sans conteste d’une beauté naturelle à couper le souffle. Et pour les personnes amatrices d’activité de plein air, elles sont ici servies ! Baignade, canoë-kayak, rafting, il y en a pour tous les goûts. De quoi se rafraîchir et se dégourdir les jambes, ce qui n’est pas du luxe quand on s’échine dans les vallons de ce petit coin de paradis.
Le Périgord nous en fait voir de toutes les couleurs
On le dit noir, blanc, vert ou pourpre. Pour chacune de ces couleurs, le Périgord s’enclave dans une partie de la Dordogne et revêt des caractéristiques uniques. Et c’est dans le Périgord noir que nous élisons domicile pour la semaine, au sud-est de la Dordogne. Noir non pas comme la truffe, non pas comme nos chambres à air mais bien comme le chêne ! Le chêne vert sombre, emblème s’il en est des forêts de Dordogne, borde, pour le plus grands bonheur des cyclotouristes, les belles routes sinueuses et asphaltées. Ici, aucun risque d’ennui ! La diversité forestière défile sous les yeux autant que les kilomètres au compteur. La vitesse à bicyclette ne tarie pas les sens, bien au contraire ! Parfums d’écorce, de mousse, de champignons, de violette et de menthe… Fragrances d’enfance. Au creux de la forêt, les oiseaux se signalent à notre passage. La lumière varie. La chaleur aussi. Quand la forêt se densifie, elle éclipse le soleil nous exonérant ainsi de quelques Celsius. L’expérience est ultra sensorielle. Parcourir le Périgord noir c’est avant tout accepter de se reconnecter à la nature. D’ailleurs on ne trouve pas que des arbres et de la faune à profusion dans le Périgord noir. On tombe aussi sur de célèbres sites préhistoriques tels que celui de Lascaux et sur de somptueux villages médiévaux. Des cités sublimes, peuplées de petites rues, de châteaux et de maisons bâties en pierres dorées. Impossible de ne pas poser pied à terre sur ce territoire qui abrite pas moins de 9 villages classés parmi les plus beaux de France.

Au sein de la vallée de la Vézère nous commençons par tomber sur le charmant village des Eyzies, surnommé « capitale de la préhistoire », qui possède – outre ses musées préhistoriques – une architecture très caractéristique avec des grottes, des abris sous roche ainsi que des maisons construites à flanc de falaise (troglodytes). Le panorama sur la Vézère y est tout bonnement splendide !
Nous remontons la rivière de la Vézère jusqu’à La Roque Saint-Christophe, un des sites troglodytiques parmi les plus importants et les plus impressionnants de la région. Véritable balcon naturel formé par une falaise de calcaire sur près d’un kilomètre, ce site offre une vue absolument spectaculaire sur la vallée environnante.
La Roque Saint-Christophe est un lieu chargé d’histoire où l’on se repaît à la fois de la splendeur et de l’ingéniosité des femmes et des hommes qui y ont vécu.

Après quelques tours de roue et quelques clichés bien sentis, nous faisons cap au nord pour partir à la rencontre du sublime Saint-Léon-sur-Vézère, un village qui trône, à juste titre, parmi les 160 plus beaux de France. Nous nous régalons à pédaler dans les ruelles étroites, entre les maisons en pierre typiques et leurs inégalables volets rouge grenat.
Partout les habitants égayent les façades avec de jolis rosiers ce qui contribue au caractère tout à fait ravissant de cet endroit. Légère incartade dans le Périgord pourpre, nous terminons la journée shooting photo à vélo à Limeuil, autre village classé parmi les plus beaux de France.
Nichée au confluent de la Dordogne et de la Vézère, cette petite cité médiévale séduit par ses façades joliment fleuries et ses arcades anciennes, grands témoins du passé historique du village. Depuis les hauteurs, nous profitons de la vue imprenable sur les deux rivières qui entourent ce village.
Rassasiés de soleil et de paysages, nous posons les bicyclettes et profitons de cette première soirée Périgourdine. Autour de notre gîte, le calme règne et le crépuscule s’invite doucement.

Pour ce deuxième jour dans le Périgord noir, nous rejoignons notre cher couple d’amis Gaspésien, Paulette et Jean, pour quelques coups de pédales à l’unisson. Départ de Gourdon, au petit matin, le soleil illumine déjà l’horizon mais les degrés se font désirer. Nous gardons donc les manchettes. Et les sourires ! Objectif : Sarlat-la-Canéda (ou Sarlat pour les intimes).
Les mots s’alignent. Bien plus que les kilomètres au compteur. Il faut dire qu’il s’en est écoulé du temps depuis notre dernière entrevue ! Lucie, notre paparazzi préférée, se fond dans le décor pour capturer des images à la volée. Sans sourciller, nos stars Gaspésiennes se prêtent au jeu. Bientôt, nous enjambons la majestueuse Dordogne. Et c’est déjà l’heure du ravito !
Pour cette pause méridienne, nous décidons de faire un petit crochet par Montfort où la charmante brasserie Le Centenaire nous attend, là, au pied du château. L’occasion de découvrir cette gastronomie locale qui ne manque ni de ressource, ni de générosité. Fabien jette son dévolu sur l’Anchaud, un plat typique et très ancien de la cuisine Périgourdine. Il s’agit d’une longe de porc désossée, piquée à l’ail et frottée au sel et au poivre. Et on peut dire que cette longe, cuite dans la graisse de canard, ne manque pas de tendresse ! Fabien se régale et nous aussi ! Jean et moi commandons une salade pour le moins goutée et colorée tandis que Lucie et Paulette convoquent la Normandie avec un camembert rôti au miel.
Après cette belle parenthèse, nous enfourchons à nouveau nos vélos pour les 15 kilomètres restants. Nous profitons des routes paisibles et ombragées ainsi que des derniers rayons de soleil cuisants avant l’orage. Nous arrivons à Sarlat sous quelques gouttes. Néanmoins rien de rédhibitoire pour l’apéro en terrasse sur la célèbre place de la Liberté !
Retour au gîte à vélo. Quelques murs à gravir, histoire de mériter sa douche ! On s’apprête pour la soirée. On quitte les casques et les cuissards car l’heure est au grand soir. Une table à la Couleuvrine nous attend et s’apprête à exaucer toutes nos envies. C’est là, sous la pierre, que s’entrechoquent les coupes et les fourchettes. L’endroit est ravissant et la cheffe sait ravir les yeux autant que les papilles (même celles végétaliennes). On apprécie que chaque plat soit érigé au rang qu’il mérite sur la carte. Une belle adresse, avec de belles personnes, encore de quoi remplir la boîte à jolis souvenirs.

Le lendemain matin, le rendez-vous est fixé. Direction le marché de Sarlat ! Atout majeur de la ville, ce rendez-vous bi-hebdomadaire est un bouillon de culture et de traditions locales. Les commerçants s’étendent dans les rues piétonnes et sous l’église Sainte-Marie qui, pour l’occasion, ouvre au public ses deux portes majestueuses.
L’échauffement ce matin n’est pas musculaire mais bien sensoriel. Une grande variété de produits frais et locaux colorent les étals et chatouille les narines. Fruits, légumes, fromage, confit de canard, foie gras, truffe (d’été, nous sommes arrivés trop tard pour goûter à celle de l’hiver), tourtière, tarte aux noix… On ne sait plus où donner de la tête !
Nous repartons les sacoches pleines et l’appétit affûté. La journée promet d’être aussi belle que longue.

Direction Domme. Domme la dominante. Domme qui ne se donne pas sans un peu de sueur et un peu de gomme. Petit braquet, il va nous falloir mouliner jusqu’au sommet, car c’est au point culminant de la falaise que se situe la jolie Domme.
Lucie capture nos premiers mètres dans ce joyau médiéval. En danseuse, dressés sur nos pédales, l’entrée par la porte historique est émouvante. Nos efforts se voient vite récompensés par le merveilleux panorama offert sur la vallée de la Dordogne. Entre deux vagues de touristes, nous prenons la pause sur le Belvédère. Si cette vue imprenable est l’attraction numéro une de ce village classé (encore un !), il n’en reste pas moins que cette cité médiévale tient de nombreuses autres promesses.
Ses ruelles sinueuses, ses maisons en pierre aux façades pittoresques, ses boutiques d’artisanat local, ses cafés et restaurants accueillants font aussi pour beaucoup le charme de cet endroit. Mais nous ne restons pas déjeuner. Ce midi, c’est pique-nique (quasi) improvisé ! Nous trouvons un petit coin sous les arbres et déballons les sacoches pleines de nos emplettes matinales. Un régal !

Nous repiquons dans l’ouest jusqu’à Castelnaud-La-Chapelle. Surnommé « sentinelle de la Dordogne » parce qu’il surplombe le confluent entre la Dordogne et le Céou, ce village jouit, grâce aux deux châteaux qu’il abrite, d’une réputation certaine.
À vélo, nous passons non loin du château des Milandes, l’ancienne propriété de l’illustre Joséphine Baker puis poussons jusqu’à celui de Castelnaud-la-Chapelle qui a été restauré et transformé en musée de la Guerre au Moyen-Âge. Pas le temps pour une visite aujourd’hui, Lucie nous a dans le viseur ! Alors sous l’œil aiguisé de notre photographe, nous serpentons dans les rues sinueuses et sous les petites arches disséminées partout dans le village, lui aussi classé (oui, oui, encore un !).

Après quelques photos avec le château de Beynac en toile de fond, nous clôturons ce troisième jour à la Roque Gageac. La sublime Roque Gageac ! Coincée entre la falaise et le cours d’eau, la lumière dorée se reflète allègrement sur les maisons en pierre beige et leurs toitures brunes.
La roche calcaire en toile de fond offre un paysage sans nul autre pareil. Autour de nous, les touristes anglais sont extatiques : « I’ve never seen a place like this before ! ». Et je suis bien d’accord ! Si la Roque Gageac figure parmi les plus beaux villages de France, elle trône indéniablement à la première place de mon podium personnel du Périgord.
Nous immortalisons cet instant avec quelques coups de pédales donnés dans la rue principale puis nous nous offrons un verre bien mérité en terrasse.
Jour 4. Fabien a déposé Lucie à la gare aux premières heures du jour et Paulette et Jean ont repris la route. Alors Fabien et moi décidons de nous offrir une belle boucle à vélo. Une centaine de kilomètres pour rassasier nos yeux, une fois encore, des paysages sublimes qui bordent la Dordogne et la Vézère. Partis un peu tard, nous ne manquons pas de faire quand même une petite surprise à Paulette et Jean et nous les retrouvons au Soupçon, à Belvès, où ils ont atterri une heure plus tôt. Dans ce salon de thé très convivial et à la touche anglaise, nous faisons le plein de rires et de soleil. Et avant que le jour ne décline tout à fait, nous reprenons la route pour le gîte. Après 109 kilomètres et pas moins de 1700 mètres de dénivelés, le dîner et la nuit arrivent à point nommé.
Pour ce dernier jour dans le Périgord noir, nous retournons à la bienaimée Sarlat. Nous flânons dans ses adorables rues et comme le hasard fait bien les choses, nous tombons nez à nez avec Coin Coin, un restaurant de tapas très élaborées. La terrasse est cosy et la cuisine y est intelligente, raffinée et absolument délicieuse. Une belle adresse de plus à faire figurer dans notre guide. Et que serait une journée sans un tour à bicyclette ? En fin d’après-midi, nous nous mettons donc en selle pour dompter l’asphalte sur une trentaine de kilomètres. Nous prenons des photos bien sûr mais nous ne sommes jamais aussi élégants que dans l’objectif de Lucie.
Samedi matin est déjà là et nous terminons notre séjour dans le Périgord pourpre, au sud de la Dordogne. Pourpre comme les raisins bien sûr ! Honneur à sa capitale Bergerac où nous sommes chaleureusement accueillis par Jean-Paul et Sophie, tous deux grands passionnés de leur région. Jean-Paul nous amène dans le vieux Bergerac, quartier historique avec ses ruelles pavées et ses maisons en colombage, où nous achetons nos provisions sur le marché. Ou plutôt nous tentons de les acheter. Jean-Paul est aussi connu que Cyrano à Bergerac !
Déjeuner dans la halle de Bergerac, sur la terrasse, pour goûter la spécialité du coin : le nectar de raisin (et non de raison) ! Rouge, blanc ou rosé, il y en a pour tous les goûts ici. Le temps passe vite avec ce grand bavard. L’après-midi toque déjà à notre porte. Et pendant que Jean-Paul part livrer des vélos, Fabien et moi partons pour une petite virée à vélo. Impossible en effet de ne pas faire un crochet par Monbazillac où le château trône et les vignobles s’étendent à perte de vue. Cette fois-ci, nous optons pour la raison et déclinons le raisin blanc devenu quasi-miel. Une dernière soirée agréable se dessine chez nos hôtes d’un soir.
Dimanche. Clap de fin. Ce matin nous jouons les taxis et déposons Paulette et Jean à Bordeaux. On est aux petits oiseaux (comme diraient nos amis Québécois) parce qu’on se revoit bientôt. Kenavo ! Retour dans notre belle Bretagne.
Nous reviendrons sans doute goûter le Périgord. Peut-être le blanc, le cœur calcaire de la Dordogne. Peut-être le vert, poumon de ce département. Ce qui est sûr c’est que nous avons adoré et que nous reviendrons bien volontiers y pédaler nos vieux jours.